Combien de temps peut-on vivre sans vitamines ?

La "micro-nutrition" a le vent en poupe, les jus et les smoothies survitaminés sont toujours à la mode, et les compléments alimentaires n'ont jamais autant fait recette. Et pourtant, le risque concernant la consommation de vitamines (aliments ou suppléments) n'est peut-être pas là où on l'attend le plus : l'abondance.

Surdosage, hypervitaminose, carence, quelles sont les limites de la consommation de vitamines ? Y-a-t'il une dose mortelle ? Et surtout combien de temps peut-on vivre sans apport de vitamines ?

Introduction

Il n'est pas question ici de parler des sources d'apports en vitamines, de leur métabolisme, des pathologies carentielles ou de leurs rôles physiologiques. Tout est largement disponible ici ou là. Quelques brefs rappels cependant.

Définition : les vitamines sont un groupe hétérogène de molécules indispensables au fonctionnement du corps humain car il ne les fabrique tout simplement pas (ou pas assez), il faut donc les manger.

Rappel : les vitamines, à l'instar des minéraux, sont des micro-nutriments qui N'APPORTENT PAS d'énergie, elles ont un rôle fonctionnel; contrairement aux macro-nutriments (glucides, lipides, protéines), uniques convoyeur de calories alimentaires.

Vitamines : la peur de la carence est-elle justifiée ?

Les conséquences d'une vraie carence vitaminique sont très violentes mais finalement méconnues. Le marketing nous accueille à bras ouvert avec les hypovitaminoses et autres subcarences qui sont pratiquement impossibles à détecter. Et par peur de manquer, d'être malade, on s'obsède avec des apports ultra-précis, on se complémente, on se supplémente...

À tort ou à raison ? Car atteindre le "sans" n'est pas aussi facile que ça. En réalité, sans vitamine aucune, là, maintenant, on serait déjà mort. Par "survivre sans vitamines" il faut donc comprendre "sans apport alimentaire" de vitamines, c'est-à-dire vivre sur nos stocks.

Alors, combien de temps faut-il vraiment avant de vider vos "réserves" ?

On vit plus longtemps sans vitamines que sans eau.

Donc de nos jours, sauf cas rares et à moins de se priver volontairement de nourriture, il est très difficile voire impossible de souffrir de carences vitaminiques, il faudrait jeûner pendant plusieurs semaines. La peur des carences n'est donc plus justifiée dans nos sociétés.

Car notre corps est bien fait, il stocke, fabrique* et recycle ce dont il a vraiment besoin. Les vitamines hydrosolubles sont moins facilement stockées car les excès sont éliminés par les voies naturelles, d'où de courts stocks, contrairement aux vitamines liposolubles qui s'accumulent facilement dans différentes parties du corps.

*Vitamine K2 fabriquée par les bactéries intestinales, Vitamine B3 synthétisée à partir du tryptophane (60mg de Trp => 1 mg de niacine), et synthèse cutanée de vitamine D à partir de cholestérol par l'action des UV.

Où est-ce que les vitamines que l'on mangent sont "stockées" ?

De la nourriture partout, tout le temps.

Notre corps est bien fait (adaptation physiologique, stockage, recyclage...), la nourriture est largement disponible 24/24h, l'accès à l'information nutritionnelle est omniprésent. Tout ceci combiné fait que les risques d'insuffisance sont aujourd'hui quasiment nuls, les risques d'excès sont du coup relativement plus élevés.

Mais quelles sont les doses d'apport oral auxquelles on succomberait ?

 
750h de soleil non-stop, c'est une overdose de vit. D.

La vitamine D, qui est une hormone, nécessaire dans des quantités de l'ordre du microgramme est donc la plus "toxique" car il suffirait d'ingérer moins de deux grammes de vitamine D pure pour en mourir. Pour atteindre ces niveaux il faudrait théoriquement rester 30 jours (750h non-stop) sous le soleil. Mais c'est en théorie car l'excès de vitamine D que le corps fabrique est détruit par ces mêmes rayons lumineux. On ne peut donc pas s'intoxiquer à la vitamine D suite à un bain de soleil trop prolongé ! Les risques sont donc médicamenteux.

Le mieux est l'ennemi du bien.

Ces quantités létales (graphique ci-dessus) sont extrêmes, mais théoriquement ne décimerait que la moitié de la population (DL50). Les doses ultimes (DL100) sont peu connues. Mais sans atteindre ces niveaux, les excès même petits sont dangereux pour la santé et entraînent nombre de complications. Les compléments et suppléments alimentaires sont disponibles partout : supermarché, pharmacie, internet, par correspondance. Mais à moins de se faire épauler par un professionnel de la nutrition, il est difficile de juger du besoin de combler un éventuel manque.

Comment savoir quelle est la bonne quantité de vitamine à ingérer ? Ni trop, ni trop peu.

On peut mesurer mille personnes une fois, mais...

Il faut savoir que les ANC, n'ont pas vocation à être utilisés au niveau individuel mais sur une échelle collective (tout comme l'IMC d'ailleurs) : étude sur les populations, groupe, équipe, etc. Il ne peut donc pas être fait de conclusion précise quant à l'équilibre micro-nutritionnel d'une personne sur cette seule comparaison de données (apports vs ANC).

Donc sans avoir à peser chaque aliment ou compter ses vitamines au microgramme près, la meilleure façon de ne pas se tromper c'est encore une fois de respecter les recommandations diététique de base. Car la Diététique est une discipline cohérente et bien faite, elle prend déjà en compte des marges de sécurité (hautes et basses) palliant ainsi les variabilités inter-individuelles et les écarts statistiques. Donc, inutile de chercher vainement le tout petit détail nutritionnel. Mieux vaut chercher à couvrir largement ses besoins (minimum vital) sans courir de risques (seuil d'excès).

De la même façon, on pourrait calculer combien de temps on peut vivre sans apport de minéraux, d'oligo-éléments, de protéines, de graisses, etc. Peut-être pour un prochain article ;)

Et d'ailleurs, savez-vous s'il existe des nutriments de base dont on pourrait se passer à vie ?

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Références    

• campus.cerimes.fr/nutrition/enseignement/nutrition_10/site/html/cours.pdf
  
• http://www.efsa.eu.int/science/nda/nda_opinions/catindex_en.html
  
• https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitamine
  
• Radimer K. Dietary supplement use by US adults: data from the National Health and Nutrition Examination Survey, 1999-2000, Am J Epidemiol, 2004.
  
• Vitamins E and C are safe across a broad range of intake. John N Hathcock, Angelo Azzi, et al. 2017
  
• https://www.anses.fr